Le prisonnier sans frontières, de Jacques Goldstyn

Le prisonnier sans frontières

de Jacques Goldstyn, éd. Bayard Canada

À partir de 6 ans

Avec Le prisonnier sans frontières, Jacques Goldstyn nous livre un album engagé, puissant qui lance un appel à la solidarité et à l’entraide. Comme le dit Béatrice Vaugrante, d’Amnistie internationale dans sa préface, «Cette histoire est peut-être sans paroles, mais elle n’est pas sans visages.» J’ajouterais également que cet album sans texte parle fort, avec tact et sensibilité, de la situation des prisonniers d’opinion. Il ne laissera personne indifférent. Écoutez l’auteur vous raconter son livre.

Les illustrations aux traits vifs et délicats, colorées à l’aquarelle nous offrent un regard lumineux sur une sombre réalité. À la fois poétiques et réalistes, elles nous montrent la tristesse du papa enfermé, son isolement, et aussi la méchanceté des carrés bleus lorsqu’un policier crève sans raison le ballon d’une enfant.

Jacques Goldstyn réussit ici un tour de force en racontant cette histoire sans la situer géographiquement ou l’associer à une cause spécifique. La portée de ce texte s’en trouve ainsi élargie. En relatant l’histoire de personne en particulier, cet album présente ce qui pourrait arriver à n’importe qui… L’utilisation de symboles neutres pour identifier les clans (ronds rouges pour les manifestants pacifistes et carrés bleus pour les forces de l’ordre) centre l’histoire sur ce droit d’expression bafoué et les effets des lettres que le prisonnier reçoit. Si aucun indice ne permet de reconnaître le pays où est emprisonné le papa, on peut facilement situer les nombreux personnages qui écrivent au prisonnier. Ils sont de partout dans le monde, riches ou pauvres, jeunes ou vieux : le cowboy près de son feu de camp, l’Inuk sur une banquise, l’aveugle qui écrit en braille, le petit garçon noir, installé sur le trottoir d’une grande ville ou même l’astronaute dans sa fusée. Les pages de garde nous montrent également une myriade de mains qui écrivent ou dessinent dans plusieurs langues. Cette disparité des scripteurs est un appel à l’implication, peu importe son âge, sa condition ou son milieu de vie.

Cet album s’adresse à tous les enfants, petits et grands. Lors d’une première lecture par les jeunes, beaucoup de questions émergent sur les causes de l’emprisonnement du papa, l’effet des lettres que le prisonnier reçoit, portées par des oiseaux, le symbole de liberté par excellence. Lors d’une deuxième lecture, après avoir lu la dédicace faite à Raïf Badawi, en expliquant ce qu’est un prisonnier d’opinion, les enfants trouvent des réponses à leurs interrogations, sont plus à même d’interpréter certaines images et cette relecture leur donne le goût de s’impliquer à leur tour. Le prisonnier sans frontières représente un outil de sensibilisation extraordinaire. Il montre aux petits et aux plus grands que parfois, un geste simple peut avoir un impact très positif. Écoutez l’auteur nous parler de la genèse de cet album.

C’est un livre qu’on aimera lire et relire et qu’on gardera longtemps dans sa bibliothèque.

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