La soupe aux lentilles

Carole Tremblay, ill. Maurèen Poignonec
Éd. La courte échelle, 2018
À partir de 4 ans

Tout mignon, tout gentil, voici un album qui saura plaire aux petits lecteurs curieux. Cette oeuvre hybride, qui oscille entre la fiction et le documentaire, informe les enfants tout en les amusant. Dans cette histoire, deux frères, Coco, le cadet très curieux et son ainé attentionné et apparemment bien renseigné discutent autour d’un bol de soupe aux lentilles. La trouvant trop chaude, Coco questionne inlassablement son grand frère sur la provenance des différents aliments qui composent cette fameuse soupe. S’installe alors un jeu de devinettes pour faire découvrir les réponses à toutes ces interrogations. Tout comme Coco, les enfants se laissent prendre à leur tour à ce jeu et formulent toutes sortes d’hypothèses loufoques. Les illustrations tout à fait sympathiques charment les petits et grands. L’illustratrice nous montre comment l’ainé réussit à satisfaire la curiosité de son frère. On le voit consulter différents livres, s’en servir pour clarifier son propos et les empiler sur la table au fil de la conversation.

À la fin de l’album, nous retrouvons une recette de soupe aux lentilles. L’invitation est lancée, pourquoi ne pas en faire une en groupe? Chaque enfant apporte un aliment à mettre dans la soupe. Au final, on obtient ainsi une soupe à tout! Puisque cette oeuvre amène le lecteur à réfléchir sur une façon de trouver l’information souhaitée, l’enfant pourrait préparer une devinette rigolote, à la manière de l’auteure, pour présenter la provenance de son aliment.La narration dialoguée que l’on retrouve dans cet album permet aussi de le mettre en scène très facilement. Invitez différents duos d’enfants à jouer chacun une scène, comme cela, tout le monde participe à l’évènement. Et pourquoi ne pas faire cette représentation pendant la dégustation de la soupe?

Danièle Courchesne

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1000 enfants de monsieur et madame Chose

Texte de Valérie Fontaine, illustrations de Yves Dumont
Québec-Amérique, 2017
Âge : 3 ans et +

Une famille de 1000 enfants ! Impossible !! Valérie Fontaine nous présente cette famille inusitée dans un texte imitant le documentaire. Chaque page double traite d’un sujet, la plupart du temps annoncé par une question telle que «Comment se passent les repas en famille ?» ou «Comment se nomment tous ces enfants ?». L’auteure nous fournit ensuite des réponses plutôt farfelues en adoptant un ton assez neutre, comme s’il s’agissait d’un constat factuel, et parfois, elle élude presque complètement la question… Yves Dumont, quant à lui, nous dessine sa vision de la vie singulière de cette famille dans des illustrations foisonnantes, pleines de mouvements et de détails rigolos à observer, qui ne sont pas toujours le reflet exact de ce que l’auteure nous raconte. Ceci crée un contraste entre le ton du texte et celui des illustrations, amplifiant ainsi le côté humoristique de cet album. Certaines trouvailles comme la pièce des punitions, le lave-enfant, la vue intérieure de la maison dans la section des chambres, procurent de joyeux moments de lecture et de discussion. Voici donc un livre pour rire, observer, et parler de différents volets de la vie familiale.

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Pow Pow, t’es mort !

Texte de Marie-Francine Hébert, illustrations de Jean-Luc Trudel
Éditions Les 400 coups, 2017
Âge : 9+

Encore une fois, Marie-Francine Hébert frappe juste avec son dernier album Pow Pow, t’es mort. Encore une fois, elle frappe fort. Voici un album percutant pour conscientiser les jeunes à la dureté réalité de la guerre.

L’auteure met en scène de deux jeunes garçons, Manu et Unam, le temps d’une journée. Elle nous raconte leur quotidien en parallèle. Le lecteur va ainsi de l’un à l’autre où la réalité de l’un fait écho à celle de l’autre. Le récit s’ouvre avec Manu rêvant que l’école finisse pour enfin retourner chez lui et jouer à la guerre. On tourne la page et on rencontre Unam qui souhaite la fin de la guerre pour qu’il puisse enfin retourner à l’école. L’auteure utilise souvent les mêmes mots, instaure un rythme narratif semblable dans les deux univers présentés. Cela accentue le contraste entre ces deux vies. Même leurs noms créent un anacyclique, renforçant l’idée de miroir déformant. Manu est guerrier virtuel, Unam est victime bien réelle d’une guerre qui n’est que trop vraie. Les illustrations et le jeu des couleurs installent des ambiances particulières à chacune des réalités. Le rouge orangé parfois explosif, présent dans les deux univers symbolise cette violence que l’un affectionne dans son jeu et que l’autre déteste profondément.

Il est facile pour les jeunes de s’identifier à Manu, accro à son jeu de guerre virtuel, ne s’apercevant pas toujours de sa chance de vivre dans son confort dans un milieu sécuritaire. Il est aussi facile de faire des liens avec l’actualité où on nous bombarde d’informations sur des guerres injustes et toujours inhumaines, où aller chercher sa pitance devient un geste périlleux. De raconter le quotidien de ces deux enfants en parallèle provoque un choc certain et entraine immanquablement une réflexion sur ces deux univers.

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Petits mots pour grandes personnes. Perles de la littérature jeunesse

Nicole Leblanc
Éditions Sylvain Harvey, 2017

«Le bonheur, c’est un mot magique qui ne veut pas dire la même chose pour tout le monde.» écrit Angèle Delaunois dans Je suis heureux. Le bonheur dans ce recueil, c’est de réaliser toute la richesse de notre littérature jeunesse. On se rend compte que les auteurs produisent des textes d’une qualité qui n’a rien à envier à la littérature destinée aux adultes. Nicole Leblanc a eu une excellente idée de créer ce recueil de citations regroupées autour d’une vingtaine de thématiques, allant de l’amour à la guerre, de l’humour à la philosophie, de l’enfance à la vieillesse. Certaines citations nous font réfléchir comme celle de Claudie Stanké lorsqu’elle écrit au sujet des mots qu’«il y a des mots tristes, des mots qui laissent des cicatrices, des mots qu’on aimerait oublier parce qu’ils nous font pleurer.» (Dans mon cœur il y a… ) et d’autres qui nous font sourire comme lorsque François Gravel écrit «Les adolescents détestent avoir l’air de bonne humeur. Ça fait partie de leur maladie.» (Klonk ou Comment se débarrasser des adolescents).
La sélection des citations de Nicole Leblanc est intéressante, ses regroupements aussi. Il est cependant dommage qu’elle n’ait pas fait confiance à ses lecteurs. Ainsi, chaque chapitre est introduit par un texte rempli de bons sentiments et un peu creux. Ce recueil aurait également gagné à reproduire des illustrations empruntées dans les différentes œuvres jeunesse citées dans cet ouvrage.

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Danièle Courchesne